Levée d’immunité: Kabila devient l’enjeu principal

Siméon Ndaye K. | April 2025

La décision de priver Joseph Kabila de son immunité parlementaire marque un virage risqué dans la gestion de la crise politique en République Démocratique du Congo. En s’en prenant directement à l’ancien président par l’entremise d’un Sénat instrumentalisé, Félix Tshisekedi ouvre une nouvelle brèche qui risque de se retourner contre lui.

Jusqu’ici relativement discret et en retrait, Joseph Kabila se voit désormais propulsé au cœur du débat politique. Cette attaque judiciaire lui donne un prétexte politique majeur, un véritable casus belli, pour revenir sur le devant de la scène. En le ciblant ouvertement, le président Tshisekedi lui offre l’occasion de se positionner comme figure emblématique d’une opposition en manque de leadership.

Mais cette manœuvre va au-delà du simple affrontement personnel. Elle révèle une vérité que les autorités de Kinshasa ont longtemps voulu occulter: la crise congolaise n’est pas uniquement sécuritaire ni importée. Elle est d’abord politique, interne et structurelle. En recourant à la justice contre un ancien chef de l’État, le pouvoir actuel envoie un signal inquiétant : l’appareil judiciaire est bel et bien un outil de combat politique.

Cette stratégie risque d’avoir un effet contre-productif. D’un côté, elle contribue à radicaliser l’opposition, qui pourrait désormais se regrouper autour de Kabila en tant que victime d’un acharnement politique. De l’autre, elle fragilise encore davantage la confiance dans les institutions, en exposant la justice à des soupçons d’instrumentalisation.

En visant Kabila, Tshisekedi braque involontairement les projecteurs sur lui. Il lui donne l’opportunité de redevenir un acteur central dans une crise qui, loin de s’atténuer, prend une tournure de plus en plus tendue. Ce geste, loin de stabiliser la situation, pourrait au contraire raviver les tensions et accentuer la fragmentation du paysage politique congolais.